5 septembre 1755

Déportation des Acadiens

5 septembre 1755  Déportation des Acadiens

Deportation_of_Acadians_order,_painting_by_Jefferys


Reading the Order of expulsion to the Acadians in the parish Church at Grand Pré, in 1755

Reproduction d’une aquarelle de Charles W. Jefferys (vers 1920)

Source : Bibliothèque et Archives Canada

     John Winslow joue un rôle important dans la conquête du fort Beauséjour en Acadie et dans l’éviction des Français de l’isthme de Chignectou en 1755. Second du lieutenant-colonel Robert Monckton, il reçoit l’ordre de marcher sur Grand-Pré, le principal centre acadien de la région du bassin des Mines. Le 19 août 1755, l’armée anglaise établit ses quartiers dans l’église et le presbytère de Grand-Pré. Le 5 septembre suivant, tous les hommes de l’endroit y sont convoqués. Winslow lit en anglais aux 418 prisonniers l’ordre de déportation. Isaac Deschamps, un huguenot bilingue, sert d’interprète aux Acadiens.

     Ils apprennent avec horreur que les Anglais sont autorisés par le gouvernement de Londres à confisquer leurs terres, leurs maisons et leurs bétails. De plus, ils doivent être transportés et exilés vers des destinations qui leur sont inconnues. Dès le 10 septembre 1755, un premier embarquement d’Acadiens à lieu à bord de voiliers ancrés à l’embouchure de la rivière Gaspareaux.  Des familles sont déchirées : 230 hommes sans leurs femmes et leurs enfants sont entassés dans la cale des navires à destination d’une terre d’exil. C’est le Grand Dérangement, comme la déportation a été surnommée par les Acadiens. Plus de 7 000 habitants de l’Acadie désarmés et sans défense sont dispersés et abandonnés dans les colonies britanniques de la côte Atlantique. Pour tous, c’est la désolation; pour plusieurs, en raison de la malnutrition, de l’entassement sur les bateaux et de la maladie, c’est la mort.

     Malgré leur éparpillement, les Acadiens conservent leur identité nationale. Après 1764, de nombreux exilés reviennent dans la région de leurs origines. Leurs terres ont été données à des colons anglais et les Acadiens doivent rebâtir leurs communautés. Leur résilience aboutit à la fin du XIXᵉ siècle par l’adoption de symboles nationaux qui ne laissent aucun doute à leur attachement à la langue française et à la foi catholique. Deux cents ans après la déportation, des célébrations importantes de l’identité acadienne sont organisées en Acadie, au Québec, en France et aux États-Unis. En 1961, Grand-Pré devient un lieu historique national du Canada. En 1988, Nelson Landry publie dans L’Acadie nouvelle un éditorial intitulé « La Grande-Bretagne nous doit des excuses ». Le débat est lancé et, en 1990, l’avocat acadien Warren Perrin initie un projet de demande d’excuses au Royaume-Uni. Poussé par la Société nationale de l’Acadie, le dossier prend de l’ampleur à la fin du XXᵉ siècle. En 2003, une proclamation royale reconnaît les torts causés par la déportation et désigne le 28 juillet comme journée de commémoration du Grand Dérangement. En 2012, l’Unesco reconnaît le Paysage de Grand-Pré comme site du patrimoine mondial et y voit un symbole de réappropriation de la terre ancestrale des Acadiens «dans un esprit de paix et de partage culturel avec la communauté environnante».

Par François Droüin; version révisée le 22 novembre 2018.

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