Le 31 décembre 1737, à Montréal, quatre femmes décident secrètement de se consacrer à la tâche d’aider les pauvres et d’accueillir toute personne dans le besoin. Il faut savoir qu’à l’époque, il n’était pas permis de fonder une congrégation religieuse en Nouvelle-France. Les communautés religieuses existantes dans la colonie proviennent de France et dépendent financièrement du roi. Marie-Marguerite Dufrost de Lajemmerais, veuve de François d’Youville est l’instigatrice du projet. Ses soeurs associées sont Marie-Louise Thaumur de La Source, Catherine Cusson et Marie-Catherine Demers Dessermont.
Il s’agit d’une association séculière mais les quatre femmes ont semble-t-il prononcé des voeux de chasteté, de pauvreté et d’obéissance à ce moment. Cependant leurs activités sont regardées avec mépris par une partie de la population. Pour se moquer des soeurs, plusieurs n’hésitent pas à les qualifier de soeurs grises ou de soeurs ivres en raison du trafic d’alcool auquel se livrait le défunt mari de madame d’Youville.
Marguerite d’Youville et ses soeurs sont ensuite appelées à la rescousse de l’Hôpital Général de Montréal en 1747. L’établissement était alors acculé à la faillite mais Marguerite d’Youville et ses soeurs redressent la situation. Après de longues négociations, l’hôpital devient leur responsabilité et, en 1753, le roi signe les lettres patentes de la communauté. Deux ans plus tard, l’évêque de Québec fait sa visite pastorale à la communauté et approuve leur règlement primitif. Les soeurs « prennent le nom de Sœurs de la Charité de l’Hôpital Général ou sœurs grises, en souvenir du sobriquet dont les Montréalais les avaient affublées ». C’est en signe d’humilité que le nom de Soeurs Grises est retenu, signe bien visible dans le costume gris-beige qui les caractérise jusque dans les années 1960.
Par François Droüin; version révisée le 10 avril 2019.
#######