17 mars 1955

Émeute du Forum

17 mars 1955  Émeute du Forum

Maurice «Rocket» Richard lance un appel au calme à ses supporters (1955) Source : RDS.ca


« Maurice Rocket Richard lance un appel au calme à ses supporters »

Photo anonyme (1955)

Source : RDS.ca

     En décembre 1954, le hockeyeur Maurice­ Richard reçoit une amende de 250 $. La sanction est imposée par Clarence Campbell, le président de la Ligue Nationale de Hockey. Richard est puni pour avoir lancer son gant au visage d’un juge de lignes après une altercation avec un adversaire. Le 13 mars 1955, Maurice Richard reçoit un violent coup de bâton à la tête lors d’un match au vieux Garden de Boston. Il réplique, assomme son agresseur Hal Laycoe, puis bouscule le juge de lignes Cliff Thompson. Campbell va sévir à nouveau. Le 16 mars, le verdict tombe : Richard est suspendu pour les trois derniers matchs de la saison et pour les séries éliminatoires.

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L’« émeute Maurice Richard »

Photo anonyme (1955)

Source : La Presse Canadienne

     Le 17 mars 1955, les Canadiens de Montréal reçoivent les Red Wings de Détroit au Forum de Montréal. Lorsque le président Campbell se présente à la rencontre, la violence éclate. Campbell est agressé physiquement et une bombe lacrymogène force le report du match. Le Forum est évacué et la démonstration populaire contre la sanction tourne à l’émeute.

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Bloc-Notes. On a tué mon frère Richard

Photo numérisée de l’article original d’André Laurendeau (2015)

Source : Le Devoir

     L’événement n’est pas un simple fait divers. Richard est alors le héros des Canadiens français. En mars 1955, au moment de sa suspension, il est à quelques matchs de remporter le championnat des marqueurs de la ligue. Pour Campbell, le célèbre numéro 9 est plutôt un employé récalcitrant qu’il faut remettre à sa place. La présence du président de la LNH au Forum prend, dans ces circonstances, des allures de provocation. Même Jean Drapeau, le maire de Montréal, condamne sa présence. L’émeute du Forum est souvent présenté comme le prélude de la Révolution tranquille, la première étincelle du réveil de la nation québécoise. André Laurendeau écrit, dans Le Devoir du 21 mars 1955 , un article intitulé « Suspension de Rocket : on a tué mon frère Richard ».  Son titre fait allusion à la phrase jadis prononcée par Honoré Mercier : « On a tué mon frère Riel… ».  La plume de Laurendeau laisse une analyse percutante de causes de cette violence : « Le nationalisme canadien-français paraît s’être réfugié dans le hockey. La foule qui clamait sa colère jeudi soir dernier n’était pas animée seulement par le goût du sport ou le sentiment d’une injustice commise contre son idole. C’était un peuple frustré, qui protestait contre le sort. Le sort s’appelait, jeudi, M. Campbell; mais celui-ci incarnait tous les adversaires réels ou imaginaires que ce petit peuple rencontre ». Le lendemain de l’émeute qui a fait pour une centaine de milliers de dollars de dommage sur la rue Sainte-Catherine, Maurice Richard fait une déclaration à la radio pour demander à ses partisans de cesser la violence.

Par François Droüin; version révisée le 17 mars 2019.

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