Après la Seconde Guerre mondiale, l’usine de textile de Louiseville est un des importants employeurs de la Mauricie. Plusieurs centaines de tisserands travaillent pour l’Associated Textile Co., une filiale d’une compagnie américaine. En février 1952, la Confédération des travailleurs catholiques du Canada (CTCC) négocie avec l’employeur depuis déjà plusieurs mois afin de signer une convention collective de travail. Malgré une entente sur les clauses salariales, la négociation se bute à un désaccord sur les clauses normatives. Le 10 mars 1952, un vote est pris : 700 des 716 travailleurs choisissent la grève.
Un long et douloureux conflit de travail s’amorce. Après quatre mois de grève, l’employeur engage des briseurs de grève. De violents affrontements se déroulent ensuite sur les piquets de grève. Des injonctions sont émises et la Sûreté provinciale du Québec doit intervenir. Le 10 décembre 1952, lors d’une manifestation de solidarité envers les travailleurs, la police lit l’acte d’émeute qui interdit toute manifestation publique. Les matraques et les gaz lacrymogènes sont utilisés. Des coups de feu sont aussi tirés.
Même si les ouvriers de l’époque travaillaient dans la misère, l’employeur reste intransigeant. À bout de souffle, les grévistes doivent cesser leurs moyens de pression et reprennent le travail en février 1953. Le parti pris du gouvernement Duplessis envers l’employeur y est aussi pour beaucoup. La CTCC considère que la grève est perdue. Le conflit marque la mémoire collective. La grève du textile à Louiseville reste le symbole de l’oppression des travailleurs par l’employeur et le pouvoir politique.
Par François Droüin; version révisée le 10 mars 2019.
#######