14 octobre 1968

Fondation du Parti Québécois

14 octobre 1968  Fondation du Parti Québécois

Gilles Grégoire, chef du RN, et René Lévesque, leader du MSA Source : Le Soleil, 15 octobre 1968


« Gilles Grégoire, chef du Ralliement national, et René Lévesque, leader du Mouvement souveraineté-association »

Photo anonyme (1968)

Source : Le Soleil, 15 octobre 1968

     La Révolution tranquille est un moment charnière de l’histoire du Québec. Cette modernisation de l’État québécois doit être associée à un sentiment de fierté dans la population québécoise. Ce moment est celui du développement d’une identité nationale spécifique qui dépasse celle d’être un Canadien français. Pour la première fois les habitants du Québec se considèrent une nation et s’accordent à se nommer Québécois. À l’internationale, l’époque est celle de l’accession à l’indépendance pour plusieurs anciennes colonies européennes. Pour plusieurs, l’heure est venue pour les Québécois de faire parti de ce mouvement planétaire et d’avoir leur propre pays, indépendant du Canada.

     Le 14 octobre 1967, René Lévesque et ses partisans quittent le Parti libéral du Québec après le refus de ce parti d’entériner le projet de faire du Québec un état souverain associé au reste du Canada. Une véritable onde de choc traverse la province. Plusieurs partis indépendantistes avaient déjà vu le jour au Québec. Mais la décision de René Lévesque, un des piliers de l’Équipe du tonnerre de Jean Lesage et un des politiciens les plus influents du Québec, est lourde de conséquence. Avec 400 militants, il fonde le Mouvement souveraineté-association (MSA) le 19 novembre 1967. Lévesque publie ensuite, en janvier 1968, Option Québec. Pour un Québec souverain dans une nouvelle union canadienne qui précise la nouvelle option constitutionnelle que préconise Lévesque et ses partisans. Du coup, le sérieux des tentatives de faire l’indépendance du Québec gagne en crédibilité. Le MSA fait de plus la promotion de la souveraineté comme le moyen d’assurer le développement d’une société plus juste et plus égalitaire.

     Au début de 1968, le MSA tente de fusionner avec les deux partis indépendantistes existants, le Ralliement national (RN) et le Rassemblement pour l’indépendance national (RIN). Incapable de s’entendre immédiatement avec le RIN et son chef Pierre Bourgault, le MSA poursuit son recrutement et structure sa plateforme idéologique. Du 19 au 21 avril 1968, les 7 300 membres du MSA se réunissent en congrès et font consensus sur un document intitulé Ce pays qu’on peut bâtir. Puis, en août 1968, René Lévesque et Gilles Grégoire s’entendent pour fusionner le MSA et le Ralliement national. Du 11 au 14 octobre 1968, 957 délégués de partout au Québec se réunissent à l’Université Laval et au Petit Colisée de Québec. À l’issu du congrès, le Parti Québécois est fondé et René Lévesque en devient le président. Lors des débats, le parti adopte son programme de base qui vise à faire du Québec un pays.

     Dans son premier discours comme président, Lévesque insiste sur le nouveau nom du parti. Il déclare que c’est un beau nom, mais un nom chargé de «l’écrasante responsabilité additionnelle qu’il nous impose», un nom qu’il faudra porter avec dignité et travailler à mériter. Il faut savoir que ce nom a fait l’objet d’un vote lors du congrès. Au second tour de scrutin, c’est à la majorité de 285 voix que le nom Parti Québécois est retenu. René Lévesque et 140 autres militants avait voté en faveur de Parti souverainiste du Québec tandis que 44 votes étaient inscrits en faveur de Parti Souveraineté-association. Rapidement, la majorité des indépendantistes se rallient à la nouvelle formation. Plus radical et violent, Bourgault est écarté. Il saborde le RIN et demande à ses 14 000 membres de rejoindre le Parti Québécois individuellement. René Lévesque a gagné son pari : il a réussi à unifier les indépendantistes au sein d’un même parti et sa formation politique est prête à se lancer dans la prochaine campagne électorale.

Par François Droüin; version révisée le 29 janvier 2019.

#######


Laisser un commentaire